Faire la sieste au travail, une question de santé publique ?

Ce que l’on sait déjà, c’est que le sommeil joue un rôle fondamental dans notre équilibre physique et mental. Il influence notre mémoire, notre humeur, notre système immunitaire… et une quantité impressionnante d’autres fonctions vitales. Mais face à une société de plus en plus rapide et connectée, où le temps de repos est souvent négligé, une question se pose : peut-on vraiment continuer à sacrifier nos heures de sommeil ?

C’est justement ce que vient rappeler la dernière feuille de route interministérielle dévoilée le 22 juillet par le ministre de la Santé, Yannick Neuder. Elle s’intitule simplement :
« Pour la promotion d’un sommeil de qualité et la prévention de ses troubles », et s’inscrit dans le cadre de la grande cause nationale 2025 dédiée à la santé mentale.

Mais qu’est-ce qu’elle contient, concrètement ? Et surtout, pourra-t-on bientôt faire la sieste au bureau sans que cela soit mal vu ?

Un plan ambitieux face à une situation préoccupante

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 50 ans, les Français·e·s ont perdu 1h30 de sommeil en moyenne. Aujourd’hui, ils dorment environ 7 heures par nuit, alors qu’1 personne sur 5 ne dépasse même pas les 6 heures. Côté enfants et ados, la situation est encore plus critique : 30 % des enfants et 70 % des adolescent·e·s dorment insuffisamment chaque jour.

Or, ce déficit chronique de sommeil n’est pas sans conséquences. Il est directement lié à une augmentation des risques de :

  • maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, certains cancers,

  • obésité (+55 % chez l’adulte, +89 % chez l’enfant),

  • troubles de la santé mentale (symptômes anxieux, dépressifs),

  • accidents et baisse des performances cognitives.

Face à cela, le ministère de la Santé entend agir sur tous les fronts, en mettant en place une série d’actions réparties sur l’année 2025-2026.

Mieux dormir, dès l’enfance et partout ailleurs

Le plan repose sur 5 axes clés :

  1. Informer et sensibiliser la population via des campagnes publiques, notamment sur les plateformes comme mangerbouger.fr.

  2. Éduquer au sommeil dès le plus jeune âge, en formant les enseignant·e·s, en limitant les écrans, et en valorisant une hygiène de sommeil saine à l’école.

  3. Créer un environnement propice au repos, avec des espaces publics labellisés « QUIET », des logements sociaux rénovés ou encore des actions de sensibilisation auprès des entreprises.

  4. Repérer plus efficacement les troubles du sommeil, en les intégrant dans les bilans de santé et en soutenant les parents à risque d’épuisement.

  5. Soutenir la recherche, notamment sur les liens entre sommeil, santé mentale, et sécurité.

Dormir au travail ? Pas tout à fait, mais…

Parmi les mesures les plus commentées : la mise en avant de la sieste dans les milieux professionnels et scolaires. Un changement culturel fort, qu’encourage Yannick Neuder, en insistant toutefois sur un point :

« Il ne s'agit pas d'imposer des mesures irréalisables aux entreprises. Mais dans le cadre du bien-être au travail, beaucoup y réfléchissent déjà. »

En d’autres termes, le ministère ne forcera pas la mise en place de siestes au travail, mais souhaite valoriser les initiatives existantes, les espaces de repos, et un rythme de vie plus respectueux de la santé des salarié·e·s.

Restons informé·e·s,  et prenons soin de notre sommeil et de celui des autres !

Sources :

  1. Léa Deseille, « Le ministre de la Santé se dit ‘très favorable à la sieste’, même au travail », TF1 Info (22/07/2025)

  2. Stéphanie Mazza (dir.), « Mieux dormir pour mieux apprendre », CSEN (Mars 2022)

  3. Direction générale de la santé, « Feuille de route interministérielle 2025-2026 » (22/07/2025)

Un article rédigé par Tristan Cornille

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