Adeline Pasteur, autrice de "Mon cancer quelle chance !"
Rencontre avec Adeline Pasteur, 42 ans, rédactrice indépendante et autrice, de « Mon cancer, quelle chance ». Elle se confie au micro de Sénevé Magazine pour raconter son cheminement, du diagnostic, dur, à une vie plus sereine.
Sénevé : ça veut dire que vous vous sentez chanceuse de l’avoir eu, est-ce que vous pourriez m’en dire un peu plus ?
Adeline : C’est un titre un peu provocateur effectivement. Au final, j’ai réussi à transformer cette expérience en opportunité de grandir; d’évoluer et de me réaligner. Cette maladie m’a permis d’ouvrir les yeux sur des tas de choses qui ne fonctionnaient pas dans ma vie. Ce temps d’arrêt complet et ce choc émotionnel, ça m’a permis de faire une relecture de moi-même très profonde, seule et avec une thérapeute. Donc, j’ai vécu un truc horrible, le cancer ce n’est jamais drôle, mais ça m’a ouvert les yeux et ma vie aujourd’hui est deux fois plus riche et plus belle qu’avant.
Comment on « switch » de la peur, au moment de l’annonce, à un esprit combatif comme vous semblez l’exprimer ?
Il y a toujours le moment où on sombre, c’est un passage obligé. C’est un vrai drame, un coup de tonnerre. J’ai passé plusieurs jours en larmes, assise par terre. Je n’allais pas bien du tout mais j’ai un caractère assez combatif. J’ai ce truc là en moi, de toujours chercher des solutions. D’un côté, je me suis dit, j’ai les médecins qui s’occupent de ma survie, et de l’autre, qu’est-ce que je peux faire pour comprendre ce qu’il se passe, pour avancer. J’étais la troisième génération de femmes dans ma famille à avoir un cancer du sein mais nous n’avions pas de marqueurs génétiques. Donc je me suis posée des questions pour comprendre ce qu’on s’est transmis de mère en fille. Ça m’a aidé de me lancer dans une quête de solutions et j’ai notamment fait appel à certaines thérapies alternatives comme le shiatsu, la réflexologie plantaire, l’ostéopathie et la sophrologie notamment pour accompagner ma chimiothérapie. Je précise qu’il est hors de question de remplacer les traitements médicaux. D’ailleurs, pour information, il y a des Centres de médecines intégratives qui voient le jour petit à petit avec des professionnels de santé, et notamment des oncologues.
Et vous aviez quel âge au moment de l’annonce, ça s’est passé comment ?
J’avais 37 ans, on était en plein de confinement. J’était très mal parce que je ne vivais pas bien cette période compliquée, déjà qu’avant le confinement c’était déjà pas une période géniale d’un point de vue émotionnel. J’ai senti une grosse boule sous l’aisselle, et là j’ai pris rendez-vous très vite chez le médecin. Et en consultation, mon médecin a surtout décelé une grosse masse au sein que je n’avais pas du tout identifiée. Je n’étais pas beaucoup à l’écoute de mon corps à cette époque donc c’est comme ça que j’ai appris mon cancer du sein. J’ai été très vite prise en charge ensuite.
Avec vos mots, comment vous décririez votre livre ? C’est un message d’espoir ?
Je ne parle pas vraiment de la maladie en tant que telle. Donc ce n’est pas quelque chose qui sera anxiogène pour les lecteur. C’est plutôt, ce que j’en ai fait de cette maladie. Ce que j’en ai compris, ce que j’ai changé… C’est un parcours de développement personnel qui a pour point de départ le cancer. J’ai beaucoup de lectrices qui ont eu un cancer et qui m’ont dit qu’elles avaient l’impression que je décrivais leurs vies. Ça me fait trop plaisir parce que c’est tout le message que je souhaitais faire passer : Tu n’es pas seule ! C’est plutôt lumineux, ça donne de l’espoir parce que dans toute cette histoire je m’en suis bien tirée. C’est comment se réinventer après le cancer et comment vivre une vie « augmentée » finalement.